#25 celui où l’empereur est nu

Connaissez vous le conte sur les habits neufs de l’empereur?

J’y pense très souvent en ce moment.

Vous savez, ce conte où l’empereur est trompé par deux escrocs qui le convainquent que les vêtements qu’ils lui ont confectionné à grand prix ne sont  vus par que par ceux qui en sont dignes. Les autres se trompent si ils le voient nu.

Et seul un enfant dans la foule a ce cri du coeur “mais il est nu!” cri qui suscite comme commentaire: “quelle innocence!” puisque ne pas voir ce qui devrait être vu est ici le signe d’un manque de clairvoyance.

http://feeclochette.chez.com/Andersen/habitsneufs.htm

Il est très contemporain je trouve. Particulièrement en ce moment.

Où les habitants seraient les collaborateurs des entreprises tenus à une réserve parfois totale car ils savent que les choses ne veulent pas être entendues.

 

Et les startuppers et autres jeunes trublions, qui eux sont payés, ou financés, par les premiers sont aussi autorisés, voir encouragés à dire que l’empereur est nu. Et remerciés de le faire. Comme si venant d’eux c’était indolore alors que venant de l’intérieur c’était inaudible. Comme si l’entendre de ces jeunes entrepreneurs était un signe d’ouverture, d’innovation.

Mais c’est un système qui verrouille encore plus les secteurs qui le pratiquent.

En bâillonnant  la parole en interne, on convint les salariés que rien ne changera vraiment et que ce n’est donc pas la peine d’essayer.

On réduit donc à néant toute tentative d’engagement ultérieur, puisque les mêmes, dotés d’une grande intelligence des situations, ne peuvent voir de sens et de pertinence aux tentatives faites, puisqu’in fine, ils savent que les vraies choses, les vrais irritants, tout ce qui fait que ça ne fonctionne pas toujours bien en interne, ne sera pas dit, et même si il est dit, ne sera pas traité.

 

Alors ils font comme si, avec conviction et crédibilité, de Workshop en Workshop, de lean start up en co-construction, avec des post it, des bonbons, des jeux divers et variés.

 

Mais ils savent que ce n’est finalement pas la peine d’essayer pour de vrai puisque ce n’est pas ce qui est voulu. Cela peut être  souhaité, mais finalement pas voulu. Ce n’est pas que les dirigeants ne veulent pas que leurs salariés parlent, c’est qu’entendre, et donc accepter la remise en cause que cela va forcément générer dans leur pratique managériale et leur vision est une chose qui souvent ne fait pas partie de leur programmation initiale. Ils ne savent pas faire. Accepter d’apprendre des équipes, accepter que le chef n’est pas celui qui sait tout, qui peut tout, est souvent assez étranger à notre culture française hiérarchique. Et c’est encore plus vrai dans des secteurs très réglementés où depuis des décennies, l’expertise est la valeur maitresse.

 

Or l’entreprise apprenante c’est bien celle on tous apprennent de tous, sans masque, ni ego.

 

 

Et en laissant de jeunes startuppers dénoncer largement les problèmes du secteur qu’ils ont l’intention de disrupter, parfois même en approuvant ce qu’ils disent, dans une espèce de schizophrénie qui devient fréquente, on les aide à ringardiser les activités que l’on dirige, et donc on leur facilite le travail.  Comme si laisser dire témoignerait tout de même d’une certaine ouverture d’esprit, valorisante. Mais qui aurait du mal à s’appliquer quand le lien hiérarchique est présent.

C’est fou!

C’est tout les jours!

Et ça s’accélère même!

Et pour une fois, ça me laisse sans voix….

 

Les hommes trébuchent parfois sur la vérité mais la plupart se redressent et passent vite leur chemin comme si de rien n’était. Churchill

 

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